ARTISTE DE LA GALERIE Cyril Tricaud

Peintre Cyril Tricaud

Cyril Tricaud aime peindre les dos. Pas seulement : les épaules (sur lesquelles la lumière s’accroche), le pli d’un genou (si intime), la longueur d’une nuque (beauté de la précision anatomique)…

Le dos, c’est Adam & Eve chassés du Paradis, et que Dieu regarde partir. Le dos des sculptures, dont on peut faire le tour, à la fois pour observer ce qui est moins montré et pour adopter le même point de vue qu’elles. Peindre les modèles de dos pour saisir ce qu’eux mêmes ne peuvent pas voir, et capter secrètement, tendrement, leur présence.

Le titre de l’exposition, « En attendant Cythère », est à relier à « L’Embarquement pour Cythère » de Watteau, qui raconte un pèlerinage amoureux : des couples embarquent pour Cythère ou en reviennent; l’île grecque étant considérée comme le lieu de Naissance de Vénus, déesse de l’amour. Si Watteau montre la complicité rieuse et libertine entre les protagonistes, Tricaud présente des hommes et des femmes le plus souvent seuls, quoique jouant avec l’idée du deux (poses en miroir, complémentarités entre le vêtu et le dévêtu)… Quand ils sont ensemble, ils luttent (tant pour se lier que pour se résister), ou partagent un moment de répit, en regardant dans la même direction : vers Cythère.

Ces personnages là attendent l’amour. Comme on attend Godot; sans savoir ce qui adviendra ou n’adviendra pas. Sans se lasser. Pour la beauté du voyage, évoquée par Cavafy dans son poème « Ithaque ». Absorbés par leurs rêves, seulement occupés par l’espoir, ils sont indifférents à nous, qui les contemplons. Ils se consacrent à un ailleurs en marge du temps et de l’espace. Leur inaction vaguement, c’est à dire, poétiquement, paresseuse, est un refus de participer à l’agitation du monde. Comme dirait Beckett dans son Godot : « Ne faisons rien, c’est plus prudent ».

(Texte de Juliette Lamarca)

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Exposition

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